Les socialistes ont décidé d'organiser des primaires en octobre 2011 pour désigner leur candidat à l'élection présidentielle. La consultation n'est plus ouverte aux seuls adhérents, comme en 1995 ou en 2006, mais aux électeurs de gauche. Comment le parti d'Épinay en est-il venu à adopter une procédure qui contrevient à sa culture organisationnelle et qui dévalue le militantisme ? Comment un parti de militants historiquement hostile à la présidentialisation en vient-il à approuver une procédure qui lui accorde une place centrale ?
Cet ouvrage remet en cause la vision enchantée des primaires socialistes, présentées comme une « révolution démocratique » qui donnerait un nouveau droit aux électeurs. Les primaires consacrent de fait la personnalisation du débat public, la présidentialisation du système politique et la domination des logiques d'opinion. Elles contribuent à l'affaiblissement de la légitimité militante et idéologique d'un parti que ses dirigeants ont été incapables de « rénover » - accréditant l'idée qu'il était une forme politique dépassée. Les socialistes tournent ainsi le dos à une conception historique du parti comme lieu d'élaboration collective, d'éducation populaire et de mobilisation idéologique.
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