Comment les héritiers de l'immigration postcoloniale construisent-ils leur lieu dans la société
française à travers la mise en oeuvre de logiques de participation à la vie de la Cité, de processus
de redéfinition de liens communautaires ou de formes de mobilité et d'ancrage conjuguant
des dimensions urbaines, culturelles, économiques et sociales ? Au-delà d'une sociologie de
l'immigration au statut incertain dans la tradition française des sciences sociales, c'est aussi une
question de sociologie générale dans le contexte d'une société complexe soumise à l'épreuve de
la dispersion de l'espace public et de la prolifération des différences. Car si toute société recourt à
l'individualisme et au holisme, le «polythéisme des valeurs» prend aujourd'hui la dimension d'un
paradoxe entre une axiologie de l'égalité et une axiologie de la différence, illustrant la difficulté
des théories de justice à concilier politiques de redistribution et politiques de reconnaissance. Dans
une perspective pragmatique, l'auteur de cet ouvrage décrit et analyse les circonstances d'une
définition ethnique des situations (urbanité-ethnicité, actualité-ethnicité, éthicité-ethnicité, cité-ethnicité)
pour rendre compte de l'expérience d'une génération, entre discriminations et processus
d'individuation au carrefour de divers mondes sociaux. À partir de certaines formes symboliques
d'identification et des figures de la relation interethnique qu'elles dessinent, l'auteur s'interroge
plus largement sur un renouvellement des modes de constitution des collectifs dans l'espace public :
comment ces collectifs transforment-ils l'indignation et le refus d'une identité assignée en agir
public, et dans quelle mesure ces formes d'identification se font-elles reconnaître ?
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