Inédite en français, l'unique pièce de
théâtre d'Alejandra Pizarnik, écrite en 1969
et jamais publiée de son vivant, rappelle
étrangement, par ses personnages et sa
situation, Fin de partie de Beckett. Mais le
décor est repeint aux couleurs vives d'une
cour de récréation, «adorable et sinistre à
la fois». Pizarnik note dans son journal au
sujet de la pièce : «les quatre personnages
peuvent être une rêverie de la dactylographe
= elle serait les quatre». À chaque mot, et en
chaque personnage, c'est bien elle-même
qu'on entend, ses obsessions, ses figures, le
désespoir doux d'une voix qui n'a pas renoncé
à chercher dans le rêve, le jeu, l'écriture, ce qui
pourrait donner sens à son monde. Le théâtre
lui est apparu un temps comme une solution
pour «transmuer [ses] conflits en oeuvres»
plutôt que de les «noter directement» dans
son journal.
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