La naturalisation est une question dont on ne parle pas ou
dont on ne parle qu'avec gêne. Ce fait est sans doute lié au
statut ambigu de ce phénomène dans le monde social. Malgré
les réformes «libérales» contemporaines, la naturalisation
reste un mode atypique d'accès à la nationalité. Bien
qu'autorisé et apparemment encouragé institutionnellement,
cet acte se doit toujours d'être justifié.
Les jeunes issus de l'immigration sont la cible des réformes
des politiques de naturalisation engagées au cours des années
1990 en Suisse (comme dans d'autres pays d'Europe). Cette
étude interroge cette dynamique institutionnelle et ses
paradoxes à partir d'une compréhension sociologique de
l'expérience vécue par cette population - catégorie de
naturalisables apparemment au bénéfice d'une relative
bienveillance institutionnelle. Elle restitue la complexité des
enjeux sociaux, symboliques et normatifs qui traversent les
décisions de naturalisation, l'épreuve des procédures et les
usages du titre national.
Au terme de cette recherche qualitative, il apparaît d'une
part que les procédures de naturalisation constituent encore -
en tant que rites d'institution - un instrument de légitimation de
l'État-nation doté d'une certaine efficacité symbolique. D'autre
part, il ressort que l'expérience vécue du traitement
institutionnel atteste des ambivalences normatives entre la
présence d'un régime de la reconnaissance et celui de la faveur
concédée.
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