Les dernières décennies du XXe siècle furent tragiques pour le continent africain : crises économiques, désastres écologiques, famines, guerres, cortèges de réfugiés... La renaissance qu'espérait la littérature orphique au temps des indépendances s'est perdue dans l'horreur. Des écrits fous, immoraux, cyniques, désabusés, comme des cris de douleur ou de dérision, ont répondu à cette situation en substituant à la voix des griots les voix des génies obscènes et une littérature «voyoue» s'est imposée. Pourtant, elle n'a pas rompu avec la parole thérapeutique qui repousse l'agression sorcière et, à sa façon, elle tente de maîtriser l'indicible et d'esquisser les voies d'une reprise en main par les peuples d'un destin que la globalisation leur vole.
Ces nouveaux écrivains africains abordent donc le millénaire en combattants peu conventionnels, mais courageux. Ils affirment l'irréductible volonté d'un continent-martyr d'imposer son originalité comme un multiple indispensable à une totalité ouverte qui s'opposerait au monstre que construisent les maîtres du monde. Leur parole folle, mais aussi artistique et thérapeutique, malgré son originalité, rejoint plus souvent qu'on ne le croit celle de leurs grands ainés, Chinua Achebe ou Tchicaya U Tam'si. Elle ne peut laisser personne indifférent.
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