«Quoi de plus gai que l'air du temps ?»
demandait Gilles Deleuze dans les années 70.
La pop artiste Fury en avait fait sa devise, et aujourd'hui
les peintres du groupe des Nouveaux pop semblent la reprendre
à leur compte en l'inversant : «Quoi de moins gai que l'air du temps ?».
Ils savent bien que la peinture n'est pas là pour répondre à la question
mais pour la poser aussi fortement que possible.
Les Nouveaux Pop ne délivrent pas de message. Ils affectent de constater
de près le quotidien (Philippe Huart, Liu Ming) ou bien ils prennent au contraire
une distance par rapport à lui (Maria Manuela). Ils peuvent exprimer une nostalgie
(Cecilia Cubarle, Antonio De Felipe) à moins que ce ne soit un sarcasme (Cracking Art,
Antonio De Pascale, William Sweetlove). Ils sont enfin susceptibles d'accorder
une grande importance aux problèmes formels (Sylvie Fajfrowska, Xiao Fan) et,
dans tous les cas, ils contribuent à nous montrer le monde tel qu'il est, sans s'y résigner.
Jean-Luc Chalumeau les situe par rapport à leurs grands devanciers (Richard Hamilton,
Andy Warhol, James Rosenquist, Tom Wesselmann...) et analyse leur originalité :
les Nouveaux Pop pratiquent en douceur une peinture de combat, écrit-il. Un combat
plus nécessaire que jamais.
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