Un roman de Harold Pinter ? Oui, et l'événement est d'autant plus considérable qu'il ne s'agit pas d'une œuvre récente, mais d'un texte écrit au début des années cinquante, dont l'auteur a attendu presque quarante ans pour autoriser la publication.
Les nains raconte une sorte d'errance à la fois intellectuelle et réaliste à travers le Londres des pubs et des jardins publics, des garçonnières, des boîtes de nuit et des rues de banlieue. Là se croisent, se quittent et se retrouvent trois amis, âgés d'une trentaine d'années, dont les rapports sont assez ambigus, faits de curiosité mutuelle, de complicité, d'agressivité et de diatribes contre toutes sortes d'ennemis réels ou invisibles.
Il y a les questions auxquelles on ne répond pas, ou à côté, et les silences plus chargés que des discours ; l'entendu, le malentendu et le pas-entendu-du-tout... Il y a les souvenirs, personnels ou communs, qui dérapent, se télescopent ou se contredisent. Il y a les jeux de bascule entre dominant et dominé, entre le fort et le faible, le calme et le tourmenté... Et, partout, l'humour de Pinter, et les éclats de rire - un rire qui, souvent, se change en menace ou en erreur irraisonnée.
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