La thèse de ce livre est forte : la colonisation
française de l'Afrique du Nord aurait donné naissance
à un grand récit du changement environnemental
qui se révéla une arme aussi efficace que
les lois et les rapports de force économiques pour
déposséder les indigènes algériens de leurs terres.
Affirmant que l'Afrique du Nord aurait été le grenier
à blé de Rome jusqu'aux invasions arabes du
XIIe siècle, marquant l'introduction du nomadisme,
de l'élevage et des destructions environnementales,
ce grand récit environnemental décliniste a légitimé
la colonisation française à travers son entreprise de
restauration de la prospérité de la nature. Abondamment
et intelligemment diffusé par le lobby du
reboisement, il fut repris en littérature, en peinture,
dans les manuels scolaires, sans que personne ne
sache exactement comment et par qui avait été
élaboré ce thème du pays de la soif. Justifié à
l'époque par la science écologique et forestière, il
s'est depuis avéré sans fondements scientifiques
réels et peu adapté à un environnement méditerranéen
fragile, où les périodes d'abondances alternent
avec le repos forcé dû à l'épuisement des terres.
Pourtant, et Diana Davis le démontre, il a perduré
sous d'autres formes jusqu'à aujourd'hui.
Cet ouvrage a reçu le Prix 2008 de l'American
Society for Environnemental History.
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