Au sein du domaine pastoral montagnard français, les monts d'Auvergne se caractérisent de manière originale. Le séjour estival du bétail sur les hauts pâturages (appelés «montagnes» ou «estives») n'apparaît en rien comme une activité relique que perpétueraient quelques éleveurs d'un autre temps. La pratique de l'estive conserve, en effet, une étonnante vigueur, s'adresse à un grand nombre d'élevages, et constitue même le pilier de certains d'entre eux. Actuellement, avec près du tiers des bovins inalpés, les massifs auvergnats s'affirment comme le premier foyer pastoral français. Préservées par cette fréquentation importante, les estives des monts d'Auvergne n'ont encore cédé que peu de terrain à la friche ou à la forêt.
Depuis une trentaine d'années, la rupture de l'ancienne économie pastorale a entraîné l'abandon des formules classiques et la solidité actuelle des «montagnes» auvergnates traduit moins l'archaïsme de pratiques attardées que la volonté d'adapter l'exploitation montagnarde aux conditions du présent. L'estive ne remplit plus la même fonction qu'autrefois, sa perception même s'en trouve profondément modifiée. Plus complexe que jadis, l'exploitation des pâturages d'été apparaît dans la montagne auvergnate tout à la fois comme le révélateur des mutations les plus récentes de l'élevage de la montagne et des bas pays, et comme le conservatoire des héritages du passé. Curieux mélange où se mêlent étroitement tradition et éléments de renouveau.
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