«Si on supprime les pesticides, la production
agricole chutera de 40 % et on ne pourra pas nourrir
le monde.» Prononcée par le patron de l'industrie
agroalimentaire française, cette affirmation est répétée
à l'envi par les promoteurs de l'agriculture industrielle.
De son côté, Olivier de Schutter, rapporteur
spécial pour le droit à l'alimentation des Nations
unies, a affirmé en 2011 que «seule l'agroécologie peut
relever le défi de la faim et répondre aux besoins
d'une population croissante». D'après la FAO, il faudra
augmenter la production agricole de 70 %, pour
pouvoir nourrir les 9 milliards d'habitants que comptera
le monde en 2050. Comment y parvenir ?
C'est à cette question que tente ici de répondre
Marie-Monique Robin, après une enquête sur quatre
continents. Elle dresse le bilan du modèle agro-industriel
qui, après un demi-siècle, n'est pas parvenu à
nourrir le monde, tandis qu'il participait largement au
réchauffement climatique, épuisait les sols, les ressources
en eau et la biodiversité, et poussait vers les
bidonvilles des millions de paysans. Elle explique que,
pratiquée sur des exploitations à hauteur d'homme,
l'agroécologie peut être hautement efficace d'un point
de vue agronomique et économique et qu'elle représente
un modèle d'avenir productif et durable.
Il est donc possible de «faire autrement» pour
résoudre la question alimentaire en respectant l'environnement
et les ressources naturelles, à condition de
revoir de fond en comble le système de distribution
des aliments et de redonner aux paysans un rôle clé
dans cette évolution.
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