Les matrices culturelles
Au foyer des cultures et des civilisations
L'espèce humaine, libre par nature, est la seule à devoir s'accomplir par la médiation de la culture. Celle-ci contribue à l'humanisation à toutes les échelles de la sociabilité humaine, depuis le ménage jusqu'à la civilisation. Cette dernière est le mode d'humanisation le plus général possible, et naît de la mise en oeuvre de thèmes particuliers et de leurs variations par des générations successives, reliées en réseau durable. Les thèmes et les variations sont pris en charge par l'agir, le faire et le connaître et traités à l'usage des différents ordres d'activités, éthiques, religieux, politiques, économiques, techniques, ludiques... Tous les thèmes fondamentaux peuvent être rapportés à une matrice humaine de possibilité culturelle.
Les données empiriques révèlent une distribution des thèmes culturels et de leurs variations selon deux modes très différents : l'un s'exprime dans des sociétés de petite taille, chacune appliquée à développer une gamme fermée de variations ; l'autre mode repose sur le développement de civilisations unifiées, à des échelles continentales et sur des milliers d'années, par des ensembles politiques à visées impériales et en exploitant toutes les ressources de la dialectique des thèmes et des variations.
Cette disparité impose à une science du règne humain l'hypothèse d'une réalité intermédiaire entre la nature humaine virtuelle et les cultures actuelles, appelée « matrice culturelle », et la tâche de la confronter aux faits. Le concept de matrice culturelle appliqué à l'âge moderne permet d'en proposer une interprétation neuve et féconde. Loin de proposer un faciès glorieux ou décadent de la civilisation européenne ou une civilisation nouvelle, la modernité est une nouvelle matrice de possibles culturels.
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