Juillet 1918. À Paris, le défilé symbolique du 14 Juillet ne peut masquer l'affreuse réalité. L'armée allemande progresse, l'avantage est à l'ennemi. Dans la capitale bombardée, on a peur, les cris des victimes retentissent. Si l'arrivée régulière des renforts américains fait naître l'espoir, l'arrivée non moins régulière des trains de blessés à la gare de l'Est, d'ailleurs interdite aux familles, sape le moral.
Dans la nuit du 15 juillet, sur tout le front de l'Est - aux portes de Reims, Châlons, Épernay -, les Allemands attaquent au même moment. C'est la plus grande offensive du conflit que Ludendorff, avec cinquante divisions galvanisées, vient de lancer contre les Alliés. Il veut en finir. Assiégée, Reims est la proie des flammes. Les habitants sont brancardiers, pompiers; masques à gaz autour du cou, les religieuses courent sans répit soigner des gens qui refusent, malgré les ordres, d'abandonner leur ville aux envahisseurs.
Non loin de là, à dix kilomètres du front, dans la petite église de Suippes, Suzanne la postière de Coulommiers, épouse Jacques Millet, son amant sauvé de la mort par l'intrépide caporal Jules Laffère, frère de la jeune femme. La violence des canonnades rythme ce mariage irréel. La poussière tombe, Suzanne se protège tant bien que mal sous une délicate écharpe de soie blanche, elle pense à l'enfant qu'elle va mettre au monde. Et pendant ce temps-là, baïonnette au canon, Corréziens, Bretons, Italiens, mais aussi Sénégalais - «la force noire» - se battent au corps à corps contre les Allemands.
Le temps de la guerre est de tous les temps comme le temps d'aimer. Et, défaite ou victoire, les enfants morts pour la patrie ne reviennent jamais. Fraternité, courage, passion, telles sont les énergies qui soulèvent l'oeuvre de Pierre Miquel, le plus grand conteur de la der des der.
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