Le Parti communiste français a publié vingt-huit listes noires de 1933 à 1945. Deux mille trois cents noms, « traîtres » ou supposés tels, militants stigmatisés pour leur conduite, leurs relations ou leurs choix politiques, sont inscrits sur ces brochures distribuées aux membres du Parti. Avant la guerre, ces militants sont discrédités. Souvent, le Parti communiste les désigne comme des agents potentiels de l’ennemi infiltré dans ses rangs. Pendant l’Occupation, certains sont assassinés, d’autres blessés.
Les listes noires ne servent pas seulement à condamner d’anciens militants communistes. Elles servent d’abord à rappeler aux responsables locaux leurs obligations. Elles énoncent, via les motifs d’exclusion, ce que ces derniers ne doivent pas faire. Elles rappellent les conduites prescrites et les règles intangibles qui régissent le Parti. Car les listes noires sont une des marques du stalinisme à la française. Ce n’est pas un hasard si leurs auteurs ont été formés à Moscou.
Pour décrypter ces listes noires, les auteurs ont consulté archives publiques et fonds privés, archives russes et françaises, nationales et départementales, policières et militantes. À travers cette étude, c’est l’identité même du communisme qu’ils interrogent et le rapport très particulier que les communistes ont entretenu avec la notion de trahison. La hantise du traître est constitutive de la représentation du monde telle que Lénine l’a lui-même défini. Le monde est en guerre, il n’y a que deux clans : qui n’est pas avec nous est contre nous.
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