
Interroger les relations que les libertins entretiennent avec la science de
leur temps ne peut se faire qu'à travers des approches croisées : selon les sensibilités
et les méthodes, l'accent est ici mis tantôt sur les contenus de pensée,
tantôt sur les stratégies discursives qui les prennent en charge. Le rapport
des libertins à la science se caractérise le plus souvent par une série de déplacements
orientés et pleinement maîtrisés : un tel traitement permet de révéler
le potentiel de subversion d'une théorie scientifique, d'en tirer les conséquences
philosophiques les plus radicales, de replier aussi le discours scientifique
sur lui-même en le soumettant à un questionnement épistémologique.
Même s'il se déploie généralement en marge de l'activité scientifique proprement
dite, le discours libertin rejaillit en quelque sorte sur la science : il
contribue à la constituer en champ autonome et y exporte parfois ses stratégies
de dissimulation. Entre la révolution scientifique et la mouvance libertine,
l'interaction a sans doute été plus profonde et plus complexe qu'on a coutume
de le croire.
Les articles réunis dans la deuxième partie de ce volume reflètent la diversité
des modes de diffusion et de réception des discours scientifiques à l'Âge
classique. Leurs auteurs s'interrogent sur les enjeux épistémologiques, polémiques
ou stratégiques de l'inscription du savoir dans des lieux de passage
tels que les dialogues, les pièces poétiques, les romans ou les histoires
comiques, que la taxinomie actuelle exclut du corpus scientifique.
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