Le grand hymne au désir de notre littérature.
Machine perverse, des êtres qui s'affrontent, manipulent, trament leurs rendez-vous dans les couloirs. Mais toujours pour la passion, toujours pour l'amour, dans ces temps où il est contraint et forcé par les normes sociales.
Un grand ébranlement de la liberté d'écrire.
Mais quelle formidable machine narrative : 175 lettres, et tout l'arsenal possible, lettres incluses dans une autre, lettre ouverte par erreur, lettres qui se croisent, lettres portées directement, ou bien dictées. C'est le relief même créé par ce jeu d'envois indirects, pourtant tout lestés de la parole réelle des protagonistes, qui fait qu'on dévale dans l'histoire – même les notes de l'auteur, sur les lettres qui manquent, par exemple, ajoutent à la mécanique. Normal, puisqu'on nous prévient d'emblée qu'il s'agit... d'un roman.
Et peut-être n'a-t-on pas assez insisté sur ces dates discrètes au bas ou en haut de chaque lettre : du 3 août au 14 janvier, soit six mois de ce bouquet de lettres creusant une même intrigue – histoire en temps réel.
Et qui prend un nouvel intérêt aujourd'hui : au moment où la correspondance privée devient un rouage essentiel de la société, naît une forme littéraire qui en reprend la matérialité et la temporalité. Lire aujourd'hui le plus exemplaire et sauvage des romans éspitolaires, c'est s'interroger sur les formes littéraires qui nous sont promises, à nous qui utilisons d'autres façons d'échanger que la lettre postale.
Mais bien sûr, entre Merteuil et Valmont, on peut oubier tout cela : Sade sortira bientôt armé à l'horizon, et ce livre fonde une bonne partie de la littérature qui le suit.
FB
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