Le terme gekiga se veut concurrent de
celui de manga pour marquer la naissance
d'un nouveau style de bande dessinée.
Tatsumi, créateur du terme, en retrace
l'historique dans L'Université du gekiga
(1968), un livre qui se compose également
d'une présentation de grands auteurs, de
la reproduction de quelques bandes dessinées
relevant du genre, et de conseils
pratiques. Gekiga contient l'idée de drame
(geki) mais aussi, par analogie phonétique,
celle d'intensité, de violence, de force où
la dimension humaine s'incarne bien ; ga
vaut pour le dessin.
Sur les motivations des créateurs de l'Atelier
du gekiga, il témoigne :
«Nos aînés nous avaient enseigné que
la bande dessinée était comique, usant
d'ellipses, de déformations, d'amplification
des expressions ou des attitudes, de gags.
Il s'agissait de faire rire les lecteurs. Nous
ne voulions plus de cela. Au cinéma, on
voyait des films noirs, tel Les Diaboliques
d'Henri-Georges Clouzot, montrant les
peurs et la laideur humaines. Nous nous
sommes donc intéressés au rendu de la
réalité, contenant l'expression graphique
dans son style, développant à travers le
dessin ce que nous voulions faire entendre,
nous attachant aux mouvements, plaçant
sous les lumières du premier plan des personnages
en buste dont on pouvait alors
saisir les émotions sur le visage, cherchant
à rendre compte de leurs états psychologiques.
Nous nous adressions à des lecteurs
plus mûrs, en mesure de comprendre.»
Béatrice Maréchal
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