Les Juifs ont-ils du coeur ?
Une intime extériorité
L'invitation à suivre son coeur apparaît aujourd'hui dans tous les discours depuis le plus kitch jusqu'aux envolées sociales, politiques et historiques. Elle s'était déployée, à l'époque de la philosophie des Lumières, autour du projet d'une religion universelle et sans texte, que les Encyclopédistes et les philosophes, Diderot, Rousseau et Kant, appelèrent du nom de « religion naturelle » ou « religion du coeur », et dont le judaïsme, par son foisonnement littéraire, était décrit comme l'anti-modèle.
Étrangement, nous rencontrons, pour notre temps, Heidegger qui affirme, comme les Lumières, que ce qui est stable et ferme en l'homme est le coeur, identifié au sacré et plus ancien que les dieux.
Comment entendre ces résonances qui lient, au nom du coeur, les Lumières et Heidegger ?
C'est un long parcours à travers le texte biblique qui pourrait nous éclairer. La Bible enseigne que le coeur n'est pas bon, qu'il est malade et plein de détours. Et qu'il doit être circoncis. Quelle est la signification de cette étrange opération à laquelle Henri Meschonnic avait donné le nom d'une « intime extériorité » ?
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