Présente depuis plus de quinze siècles en France, la minorité juive
n'entrera réellement dans l'espace public qu'à partir de la Déclaration
des droits de l'homme, lors de la Révolution, et de l'Empire.
En dépit des préjugés qui s'estompent difficilement, les juifs de
France, au cours du XIXe siècle, vont progressivement s'intégrer sans
se renier. Ils s'affirment fièrement les «enfants adoptés de la patrie».
Cet effort d'adaptation est encouragé et soutenu par l'ensemble de
leurs structures sociales, par leurs autorités religieuses et surtout par
le désir de chacun de témoigner sa reconnaissance et sa fidélité à
l'État qui les a émancipés. Mais c'est aussi la République, à travers
ses institutions comme l'école laïque, les lycées, le service militaire
et son appareil d'État, qui a contribué à cette intégration.
C'est ce cheminement que relate ici Béatrice Philippe, de l'émancipation
en 1791 à l'affaire Dreyfus, en s'appuyant sur des archives,
des extraits de presse, des témoignages... Elle s'attache à décrire
comment les juifs ont perpétué leurs traditions en les tissant avec les
valeurs patriotiques. La République a tout mis en oeuvre pour intégrer
les nouveaux venus, mais c'est grâce à leur volonté affirmée qu'elle
a pu le faire.
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