Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, c'est le visage d'une Italie traumatisée par les épreuves de la guerre et de l'occupation allemande, et durablement marquée par l'expérience de plus de vingt ans de fascisme, qui se dessine. Au regard du souvenir des discours belliqueux de Mussolini et du «coup de poignard dans le dos» de juin 1940, l'heure n'est alors pas, en France, à la réconciliation avec le voisin transalpin. C'est même une attitude revancharde, souvent condescendante et paternaliste, qui prévaut dans certaines franges de l'intelligentsia et de larges pans de l'opinion publique française.
Pourtant, d'autres milieux, en France, portent leur attention sur une Italie antifasciste qui a combattu le régime mussolinien et s'est engagée dans la Résistance. Soucieux de découvrir cette Italie-là, des intellectuels, issus pour la plupart de divers courants de gauche, voyagent et séjournent outre-monts où ils tissent des liens d'amitié avec leurs homologues transalpins et s'agrègent à leurs réseaux. Forts de leur «expérience italienne», ils remplissent une fonction de médiateurs culturels et diffusent en France la connaissance de l'Italie nouvelle. Vivement attirés par ses forces de gauche, tant politiques (le PCI, le parti d'Action, les divers courants de chrétiens de gauche) qu'idéologiques (ils suivent de près les débats qui se développent autour des pensées d'Antonio Gramsci, d'Elio Vittorini ou de Piero Gobetti), ils construisent d'elles des représentations élogieuses et tendent à faire de l'Italie un véritable laboratoire politico-idéologique. Ils sont enfin fascinés par une culture qui, amorçant un renouveau placé sous le signe du néo-réalisme, met sous le feu des projecteurs un peuple italien profondément humain et aux prises avec les difficultés de l'après-guerre. Aussi, contestant les stéréotypes qui lui sont souvent associés, contribuent-ils à renouveler l'image de ce peuple en France.
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