Bien que les intellectuels africains agissant dans le contexte français constituent un objet de recherche pour les historiens et les sociologues, l'attention de ces chercheurs a entièrement porté sur les acteurs des années 50-70. Des études sur les intellectuels de la période postérieure manquent cruellement. Pour en être ainsi réduite à ses expressions d'il y a 30 ans, la classe intellectuelle africaine serait-elle une entité figée, anhistorique ?
L'auteur de ce livre prend en charge cette interrogation en établissant les ruptures au sein de ce groupe. Il montre comment et pourquoi d'une génération à l'autre, les intellectuels africains sont passés de la valorisation de l'enracinement en terre africaine au choix actuel de l'expatriation.
Cette mutation implique de nouveaux enjeux et de nouvelles actions de la part de ces intellectuels. La dénonciation de la précarité des chercheurs africains au sein de l'Université française, et les manifestations pour la reconnaissance institutionnelle de la population noire en France constituent des exemples d'action magistralement analysés dans cet ouvrage.
Le livre d'Abdoulaye Gueye est publié à un moment particulier, marqué par le rebondissement de la vieille querelle et des controverses entre les africanistes - les spécialistes de l'Afrique - et les intellectuels africains. Le contexte assure un surcroît d'intérêt pour un travail sociologique d'une très grande finesse. Il peut aider, j'en suis sûr, à recadrer un débat aujourd'hui dominé par la passion et les accusations.
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