Édition enrichie (Préface, notes, dossier sur l'œuvre, chronologie et bibliographie)
Un monde se meurt. Immémoriaux, les Tahitiens ont trahi leurs dieux et leurs coutumes. Le drame se joue au moment de l'arrivée des Européens sur les rives enchantées de la Polynésie, à la fin du xviiie siècle. Il prend ici figure d'allégorie : en vain, Paofaï, le dernier païen, partira à la recherche d'une écriture capable de sauvegarder les « mots qui ne doivent pas mourir » ; et moins de vingt ans suffiront aux Occidentaux pour anéantir une culture restée jusque-là intacte.
Dans ce premier livre, une active nostalgie mène Victor Segalen, non à déplorer, mais à recréer la belle « société antique et forte », ses fêtes, son culte du jouir, son alliance heureuse avec la nature. Quant à la langue sacrée des Maori, il la réinvente par une prose sans exemple, qui en devient le simulacre. Le livre, publié en 1907 sous un pseudonyme, acquiert tout son sens aujourd'hui où nous en mesurons le caractère prémonitoire.
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