Les guerres et les mots du général Paul Azan
Aujourd'hui, le général Paul Azan (Besançon, 1874 - Lons-le-Saunier, 1951) est à peu près oublié. Depuis sa mort, son immense oeuvre, consacrée principalement à l'histoire de l'Afrique du Nord française, et en particulier à celle de l'Armée d'Afrique, n'a pas été rééditée. Ses livres se trouvent condamnés à des rayons poussiéreux, aux sites web de marchands de livres rares, ou à quelques savants articles et notes de bas de page. Son château de Mireval, à Lons-le-Saunier, est abandonné par la famille depuis longtemps. Paul Azan, soldat et historien de l'épopée coloniale, semble avoir quitté l'Histoire avec son Empire chéri.
De son vivant, Azan était une figure brillante et bruyante de l'Afrique du Nord française. Ses livres d'histoire et ses interventions polémiques, signées ou pas, notamment sur le « problème indigène », stimulaient les débats sur l'oeuvre coloniale de la France, son passé et son avenir. Ses écrits et ses faits d'armes firent de lui un ami du maréchal Lyautey et son collaborateur lors de l'Exposition coloniale de 1931, la soi-disant apogée de l'idée coloniale en France.
Le général Azan restait une figure à la fois au centre et en marge, non seulement par son appartenance à l'Armée d'Afrique, mais surtout en tant que soldat-écrivain. Tenant à la fois la plume et l'épée, Azan se mêlait sans frein à des combats d'armes et de mots, les deux étant intimement liés.
Paul Azan est à peu près oublié, mais, en partie pour cette raison, il nous fascine. Dans son itinéraire mouvementé, nous voyons les rapports entre guerre et écriture, savoir et pouvoir, les façons dont la France cherchait à conquérir et « pacifier » l'Afrique du Nord, et, finalement, le destin de textes coloniaux quand leur référent est balayé par l'Histoire.
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