Entre 2005 et 2008, sous la conduite de Christian Bouquet et Hélène Velasco-Graciet,
trois colloques ont été organisés à la Maison des Sciences de
l'Homme d'Aquitaine par le laboratoire ADES-CNRS pour essayer de
clarifier la position de la géographie française par rapport aux ambiguïtés de la
discipline face à la colonisation, à la tropicalité, et au développement.
Après avoir tenté de savoir si la géographie coloniale était colonialiste (L'Empire
des géographes), puis si la géographie tropicale était fille de la précédente et avait
encore un sens (Les Tropiques des géographes), un ensemble de chercheurs ont
affronté la question du «développement», considéré comme le dernier terrain
pour une géographie hors des murs occidentaux, pour confirmer ou infirmer qu'il
s'agissait du dernier refuge possible pour ceux qui travaillent dans les Suds.
Même si les hypothèses de départ ont été traitées avec d'infinies précautions
- car le débat n'est pas encore débarrassé des passions anciennes - la filiation
géographie coloniale / géographie tropicale / géographie du développement n'a pas
été démontrée. Comme souvent, plus que des réponses, c'est une série de questions
qui surgissent à la lecture des articles.
En invitant les auteurs à s'interroger sur le lien qu'ils établissent entre leurs discours
sur le développement et leurs actions concrètes dans ce domaine, les organisateurs
savaient que le fossé entre les scientifiques et les experts ne serait pas comblé. Il
reste donc à savoir pourquoi. En abordant dans son appel à communications le
thème des Postcolonial Studies, le colloque a précisé des interrogations qu'il faudra
continuer d'explorer. Enfin, en donnant la parole à plusieurs chercheurs originaires
des anciennes colonies, cette rencontre a ouvert la porte à une décolonisation des
esprits qui pourrait bientôt déboucher sur une géographie (enfin) décentrée.
Cette quête épistémologique, qui a donné ici beaucoup de place au terrain, devra
donc se poursuivre par le questionnement constant des principes et des pratiques
des uns et des autres, en insistant sans doute davantage sur la géographie de l'Autre
que sur une géographie de l'Ailleurs.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.