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Au travers de la vie des Françaises, de toutes conditions, pendant la guerre de Cent Ans, c'est un tableau des mœurs de la société française, au cours de plus d'un siècle de notre histoire, que dresse Jean Verdon, historien reconnu du Moyen Âge. Servantes ou maîtresses ? Apparemment, les contemporains de la guerre de Cent Ans regardent les femmes avec les yeux de leurs ancêtres... et de nombre de leurs descendants. Bien fragiles paraissent les voix des paysannes de Montaillou, ou celle de Christine de Pisan. Tenir la maison, faire des enfants, telle doit être la tâche des femmes. D'ailleurs, ne sont-elles pas des êtres inférieurs ? Ni l'amour courtois, jeu aristocratique, ni le culte de Marie, vierge mère, qui risque de déprécier la sexualité conjugale, ne peuvent enrayer ce courant. De la naissance à la mort, les femmes se trouvent placées sous l'autorité masculine. Jeunes, elles dépendent de leur père. Épouses, elles doivent obéissance à leur mari. […] Guerre étrangère et civile, peste, dépression économique jalonnent le XIV siècle et une partie du XV. La violence soldatesque et, plus encore, villageoise familiale, s'exerce aux dépens des femmes. Bien des veuves sans ressources mènent une triste existence. Voilà pourquoi, entre autres raisons, on rencontre tant de marginales, particulièrement des prostituées, encore qu'on assigne alors à celles-ci un rôle social : détourner des épouses le désir des mâles célibataires, lutter contre l'homosexualité. Sombre tableau, bien éloigné de certaines visions édéniques, mais que Jean Verdon tempère. Ne peut-on se demander, en effet, si la misogynie n'était pas, en partie, le reflet de la crainte d'une domination féminine au sein du foyer ? Si on la craignait, n'était-ce pas parce qu'elle était assez répandue ? Et, n'oublions pas, que cette époque voit coexister Jeanne d'Arc et Colette de Corbie, réformatrice des clarisses, sans parler d'Agnès Sorel, la belle maîtresse de Charles VII.