Les Européens font aujourd'hui face au miroir turc. Taxée
par certains de cheval de Troie de l'islam en Europe, associée
à la dilution de l'Europe politique, à des élargissements à
la sauvette ou au triomphe d'une «Europe à l'anglaise»,
l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne suscite des
polémiques et des controverses sans précédent. Sa volonté
d'adhérer à la Communauté européenne remonte pourtant
à 1959. Elle déposa formellement sa candidature dès 1987, et
suite à la fin de son accord d'association avec l'UE en 1995, elle
se verra officiellement reconnaître le statut de pays candidat
lors de l'accord d'Helsinki en 1999. Au-delà du processus
formel lié à l'ouverture des négociations depuis décembre
2004, l'adhésion turque cristallise tant de stéréotypes et de
jugements de valeur à son égard, qu'il semble que le débat
réel porte plus sur l'identité de l'Europe, sur ses frontières,
sa culture et sur son projet politique que sur la Turquie en
elle-même.
C'est pourquoi cet ouvrage se démarque des nombreux
essais et travaux se focalisant sur les logiques institutionnelles,
en proposant un point de vue plus analytique et en se
centrant au contraire sur ce qui se joue dans le jeu de
miroir entre les Turcs et les Européens. L'étude des attitudes
individuelles et des principales figures de discours associées
à cette adhésion au sein des presses nationales en France,
en Belgique francophone et en Grande-Bretagne, permet
en effet de réfuter le présupposé normatif suivant lequel il
existerait des arguments objectifs en faveur ou en défaveur
de l'adhésion turque. On observe au contraire la réversibilité
de l'ensemble des arguments et la centralité de cadrages
différenciés en fonction de déterminants sociopolitiques et
des configurations nationales du rapport à l'Europe.
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