« Choc des civilisations », « Djihad versus McWorld », « exception culturelle » : c'est ainsi qu'est abordé à partir du milieu des années 1990 le rôle de la culture dans les affaires mondiales. Depuis lors, les questions identitaires - donc culturelles - se sont imposées partout avec une acuité nouvelle, comme en témoignent les craintes suscitées par l'élargissement de l'Union européenne, l'affaire des caricatures de Mahomet dans un journal danois ou les débats résurgents sur le multiculturalisme. La mondialisation culturelle modifie les conditions dans lesquelles se déroulent les interactions entre les sociétés et leurs cultures. Dans la sphère médiatique globalisée, de plus en plus soumise à la logique économique, c'est aussi la maîtrise des symboles qui se joue, c'est-à-dire la structuration des imaginaires. Du coup, les différences entre les valeurs, les visions du monde et les modes de vie acquièrent une importance nouvelle et s'imposent comme des facteurs de réalpolitik.
La question la plus importante que pose la mondialisation n'est pas celle de savoir comment commercer davantage, mais plutôt de décider comment vivre ensemble à l'échelle planétaire avec des différences culturelles qui ne cessent de se renouveler.
Cet ouvrage situe les enjeux géoculturels dans une perspective stratégique. Il propose de les inclure, sur le même pied que les enjeux géopolitiques et géoéconomiques, dans la gouvernance mondiale que le système international actuel ne suffit plus à assurer. Les politiques nationales, indispensables pour gérer les conséquences de la mondialisation, ne pourront être efficaces que si des entités géoculturelles s'instituent comme aires d'interactions culturelles privilégiées. L'Europe des cultures, la Francophonie et l'Ibéro-Amérique, notamment, pourraient constituer des laboratoires du pluralisme culturel mondial et des alternatives crédibles à la perspective des chocs de civilisation.
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