
L'écriture de Bocampe semble décidément vouloir avancer vers ce qui
sous-tend davantage le désir de création, sa nécessité, que la création elle-même.
Ce stupéfiant processus d'arrachements et de reconstitution de soi que
provoque tout de même le besoin de créer ne nourrirait-il pas finalement
notre désir de néant, que nous n'ayons de cesse d'en rechercher la trace,
ce qui, de ce point de vue là, rendrait l'agir au moins aussi fascinant que
l'attente ?
Et est-ce que la poésie, celle qui avance à visage découvert et nous
surprend en flagrant délit de factuel comme de merveilleux, n'aurait pas
quelque chose à voir avec la vacuité, mais une vacuité qui merveilleusement
répondrait à l'attente, la comblerait ?
Autrement dit, l'amour n'entretiendrait-il pas un rapport avec
l'inconscient désir de rejoindre ce plein vide ?
Parce que dans ce texte l'attelage du rêve au langage est prétexte aussi à
essayer de comprendre, une réalité explose sur le plan de sa conscience.
Eléonore c'est la compassion, évidement, et les Enfants Blessés sont parmi
les humains ceux qui, intuitivement, sentent que leur indécrottable
nostalgie, leur spleen, n'est autre que le symptôme résurgent de la mémoire
oubliée d'une très ancienne blessure d'amour.
Bocampe pense le monde en conduisant son véhicule poétique avec toujours
autant de fraîcheur, de gravité et de spontanéité.
Régis Nivelle
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