Les élites de cour de Constantinople (450-610)
Une approche prosographique des relations de pouvoir
L'histoire politique de l'Empire romain d'Orient au temps de Justinien (527-565) est d'ordinaire illustrée par quelques souverains à la postérité contrastée. Cet ouvrage étudie l'envers du décor de la cour de Constantinople entre 450 et 610, à l'époque où elle acquiert son existence propre. Il conduit donc du règne de Marcien, le promoteur du concile de Chalcédoine (451), à celui de Phocas, que l'on peut tenir pour le dernier empereur antique. Il repose sur une prosopographie des élites de cour connues pour leurs relations politiques avec les empereurs, mais aussi pour leurs liens familiaux, leurs origines géographiques et leurs orientations religieuses. Au sujet des individus répondant à ces critères, il discute le détail des carrières, en particulier vis-à-vis des notices de la Prosopography of the Later Roman Empire.
La question est abordée de manière chronologique, selon la succession des règnes impériaux, qui ont chacun valeur de test pour la configuration des élites de cour. L'origine géographique et l'orientation religieuse de ces élites font apparaître des groupes dominants et présentant une cohérence liée à ces deux facteurs. Les Balkans, l'Asie Mineure, le Proche-Orient et l'Égypte, tout comme le chalcédonisme et le monophysisme, occupent ainsi la scène des luttes de pouvoir dont la cour est le théâtre. Les solidarités familiales jouent un rôle longtemps sous-estimé et assez comparable à leur place dans l'histoire postérieure de Byzance. Des révoltes récurrentes invoquèrent souvent la légitimité des empereurs précédents. Mais ces contestations furent plus dangereuses dans les provinces que dans la capitale, et finalement peu menaçantes pour le pouvoir impérial, sauf au début du vu' siècle. Si le personnel politique se renouvela fréquemment, il exista aussi une permanence de certaines factions à la cour de Constantinople, qui acquit dans cette période une forme de stabilité. Le visage de la cour protobyzantine contribue ainsi à la connaissance de la culture politique européenne.
The political history of the Eastern Roman Empire under Justinian is usually embodied by a few rulers with ambivalent legacies. This work studies the Constantinople court behind the scenes from 450 to 610, at the moment when it grew into a distinct entity. It thus spans the period from the rule of Marcian, the promoter of the Council of Chalcedon (451) to that of Phocas, who may be considered as the last Emperor of Antiquity. The approach relies on a prosopography of court elites known for their political ties with emperors, but also for their family bonds, geographical origins, and religious options. For each of the individuals meeting these criteria, career details are discussed, particularly in contrast with the entries of Prosopography of the Later Roman Empire.
The perspective is chronological and follows the successive imperial rules, each of them being studied with regard to the specific configuration of its court. The geographical origin and religious orientation of these court elites are main parameters delineating the dominant groups and cementing their cohesiveness. The Balkans, Asia Minor, the Near East and Egypt were just as central as Chalcedonism and Monophysitism to the power struggles playing out in the court. The importance of kinship loyalty during that period has long been underestimated, although it is similar to what is observed in the later history of the Byzantine Empire. Recurrent rebellions often harked back to the legitimacy of former Emperors. But these protests were more radical in the provinces than in the capital and ultimately, proved to be only a minor threat to the imperial power, except in the early seventh century. While the political personnel experienced a high turnover, certain factions still enjoyed relative longevity at the court of Constantinople, which gained a form of stability over the period. Studying the variations of the Byzantine court thus enriches our knowledge of European political culture.
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