Pour la médecine occidentale moderne, l'affaire est entendue : c'est le médicament qui soigne, à savoir une substance chimique aux effets biologiques bien identifiés. Pourtant, une médecine peut en cacher une autre : tous les patients savent intuitivement que l'attitude du thérapeute à leur égard peut être aussi décisive dans la guérison que les médicaments qu'il délivre. Et sans même qu'il soit nécessaire d'évoquer les " médecines parallèles ", le mystère scientifique que représente l'effet placebo témoigne de la persistance des phénomènes de suggestion au cœur de la médecine moderne. Dans ce livre, Philippe Pignarre propose une compréhension nouvelle de cette dualité que la science résiste à reconnaître. Il le fait en se penchant sur l'histoire, et plus précisément sur l'histoire de la psychiatrie, en suivant les deux " fils rouges " : d'une part, celui qui court du " baquet " autour duquel, à la fin du XVIIIe siècle, Mesmer rassemblait ses patients pour les " magnétiser ", jusqu'à la psychanalyse, en passant par les cures hypnotiques de Charcot ; et, d'autre part, celui qui relie l'invention par Pinel du " traitement moral " des aliénés à la psychiatrie biologique d'aujourd'hui. Il montre ainsi comment la médecine de la suggestion et la médecine somatique n'ont jamais réussi à faire bloc. Et que cette séparation pourrait bien être à l'origine des plus graves difficultés auxquelles se heurte la médecine moderne, qu'il s'agisse de l'usage des drogues illégales et de son " traitement ", ou de la surconsommation de psychotropes, dont la France détient le record mondial. L'auteur ouvre ainsi des pistes passionnantes pour retrouver dans notre héritage occidental - mais aussi, grâce à l'éthnopsychiatrie, dans celui d'autres civilisations - les éléments qui permettront de ne plus construire les deux médecines l'une contre l'autre.
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