Dimìtrios Vikèlas (1835-1908) devint célèbre en son temps pour son unique roman, Loukis Làras (1879), traduit à l'époque en dix langues, mais aussi par ses nouvelles qui marquent un tournant dans la littérature grecque. Il fut le premier écrivain à inscrire ce genre dans la tradition littéraire de son pays.
Parmi ses sept nouvelles, publiées en 1887, voici d'abord « Les deux frères », la plus connue, où nous découvrons la vie sur une île de l'Egée vers le milieu du XIXe siècle. Pendant cinquante pages, à vrai dire, il ne se passe pas grand-chose apparemment, mis à part le comportement étrange de certains personnages, tout l'art de l'auteur consistant à nous tenir en haleine, jusqu'à la révélation finale du terrible secret, dans une atmosphère de sourde angoisse et de profonde mélancolie.
La deuxième nouvelle de ce recueil, « Le pope Nàrkissos », que beaucoup considèrent comme son chef-d'oeuvre tant elle est harmonieuse et sobre dans sa composition, nous emmène de nouveau sur les îles, avec un jeune pope qui a tout pour être heureux, à un détail près... Là encore, peu de péripéties, mais le récit fourmille de notations justes et savoureuses, le personnage est décrit avec une affectueuse ironie, et peu à peu, c'est toute une société paysanne qui renaît sous nos yeux.
« L'enragé », lui, surprend par sa modernité : deux narrateurs superposés et un dénouement qui n'en est pas un. On peut regretter que Vikèlas n'ait pas écrit davantage...
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