Bernard Desroches, philosophe à Lyon, me disait : "L'acte de gribouiller ne serait pas une représentation, mais une expression de la personne sans accès à un autre signifiant que lui-même en brut, à l'état brut. S'il y avait un moment structural de mise en place, ce serait celui où le sujet accepte de signifier. Il y a peut-être le risque alors de la conscience douloureuse. Quelquefois, je me dis que les enfants qu'on dit autistes sont des gens extrêmement généreux qui, souffrant ce qu'ils souffrent, refusent absolument de faire souffrir autrui et donc de communiquer avec autrui. Quelquefois ils gribouillent : ils ne veulent que raturer tout le signifiant de leur douleur, empêcher que leur douleur n'envahisse la langue et les autres qui parlent autour d'eux et qu'ils aiment." Cette conscience douloureuse qui refuserait la langue, c'était d'une telle vérité pour parler de mes rencontres avec certains enfants !
Avec trois enfants qui me sont adressés avec le diagnostic d'autisme parce qu'ils ne parlent pas, je commence un travail psychanalytique. Ainsi s'est posée la question de ce moment structural d'où s'origine écriture et parole. Ces trois enfants ne parlaient pas, ils gribouillent pourtant, et ils se sont mis à parler. Ils témoignent des ratages de la représentation et de la possibilité de retrouver un parcours vers la parole. Ils questionnent alors autant les philosophes que les cliniciens. Avec ces trois parties, hypothèses, cliniques et conclusions, ce texte tente une confrontation réglée par la topologie. J.L.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.