Comment les socialistes juifs russophones de l'empire russe - sociaux-démocrates (bolcheviks et mencheviks), socialistes révolutionnaires - ont-ils négocié leur judéité ?
Cette interrogation permet d'apporter des éléments de réponse à la lancinante question de savoir qui est Juif et de faire la part, en particulier, des attitudes diverses face à l'assignation identitaire, à l'identité imposée par autrui.
En l'absence de citoyenneté, en effet, les Juifs de l'empire russe n'ont pas pu devenir des citoyens de confession juive. Ils ont été cantonnés dans la catégorie extensible des « allogènes» servant à désigner tous les non-Russes, non-orthodoxes.
Les Juifs étaient considérés comme une nationalité, voire comme une nation prémoderne, comme ils ont pu l'être dans la France d'avant la Révolution. Le processus de confessionnalisation qui aurait renvoyé la religion à la sphère privée n'a pu aboutir.
À l'issue du 19e siècle qui a vu se multiplier en Europe les affirmations nationales, venues largement supplanter les formes antérieures du «lien social», une grande partie des Juifs de l'empire russe s'est elle aussi nationalisée, à la fois dans des courants constitutionnalistes et révolutionnaires: les Juifs sont ainsi passés du statut de nation prémoderne à celui de nation moderne.
Dans la Russie des tsars, plus encore qu'ailleurs en Europe, ils étaient sommés de se définir par rapport à leur judéité. Aujourd'hui encore, comme le montrent diverses parutions récentes, ils sont largement considérés comme extérieurs à la communauté nationale russe, ukrainienne, etc., ils sont exclus du « nous».
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