L'Allée aux Lucioles est l'unique inédit que Roussel aurait souhaité voir éventuellement publier, bien qu'il n'ait pu le terminer à cause, nous dit-il, de « la mobilisation de 1914 ».
Lorsqu'on connaît l'exigence méticuleuse dont il faisait preuve quant à l'achèvement de ses livres, on peut mesurer l'importance qu'il attribuait à cette oeuvre. Aussi, peut-on affirmer que c'est son inachèvement même qui, pour une part, lui donne sa texture de dentelle précieuse et irisée, de façon à former l'auréole fragile, vibrante et élégante de Locus Solus qui l'a immédiatement précédée. Loin d'altérer le texte, la présence de blancs, autant que les différents jeux de mise en abyme, caractéristiques et absolument essentiels au fonctionnement du dispositif mis en place, favorisent l'irruption d'une multiplicité de plans de consistance hétérogènes et apparemment hasardeux dont l'interaction rend problématique toute forme de légitimité.
Celle, dans Impressions d'Afrique, de l'empereur Talou VII ou de Frédéric II dans L'Allée aux Lucioles.
Mais plus fondamentalement encore, dans cet inédit comme dans Locus Solus, c'est la légitimité et le statut mêmes de celui qui se trouve être opératoirement et momentanément le garant de la bonne gestion et du bon fonctionnement des savoirs, soit, respectivement, Flavier et Canterel - deux personnifications du poète - qui se trouvent ici mis en crise. D'où la question posée en filigrane par Roussel : quels types d'agencements machiniques forcément contextuels, toujours à reconstruire, sont aptes à produire dans ce milieu chaotique une réalité nécessaire parce que judicieusement fonctionnelle, vraie, donc jubilatoire et glorieuse, en fonction de son degré d'utilité ? Glorieuse utilité, celle d'un corps : le corps opérateur de Flavier, flavescent parce qu'indéfiniment processuel.
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