C'est en marchant sur l'étroite ligne de crête où se confondent et se distinguent en même temps l'histoire et l'éternité que Dom Helder Camara a traversé le XXe siècle. L'histoire est à chaque instant présente dans sa vie. On la rencontre dans le récit de ses croisades aventureuses aux côtés des fascistes brésiliens, dans les bilans qu'il tire des «révolutions» de lieutenants ou de généraux, dans les soulèvements de guérilleros, dans les portraits qu'il esquisse des Grands qu'il a côtoyés, dans l'attention qu'il porte aux mouvements de libération des peuples. C'est l'histoire du géant brésilien, de la poudrière latino-américaine, du défi lancé aux empire nantis par l'Internationale des opprimés.
L'éternité est plus discrète. Elle est au rendez-vous de la «veille» que, chaque nuit depuis son séminaire, Dom Helder a consacré à la prière. De là, elle irradie le regard, la parole, le jugement. La communion à l'invisible transfigure sans les dissoudre l'espace et le temps, les êtres et les choses. Invincible espérance nourrie d'une foi d'enfant, «lisible» dans le moindre de ses regards et de ses mots.
A la charnière de l'histoire et de l'éternité, sans jamais voiler les erreurs commises ni les conversions nécessaires, Dom Helder, l'un de ceux qui, au siècle dernier, ont le plus fait pour libérer le catholicisme, raconte les vendredis de Vatican II, décrit la grande peur qui paralyse les hommes d'Eglise quand il s'agit de passer des paroles aux actes, d'assurer la renaissance de communautés vivantes, sur la base de la «non-violence active».
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