Les contre-littératures
La lecture des Contre-littératures est de celles qu'on n'oublie pas de si tôt. Cet essai a fait date, et il n'a rien perdu de son actualité. La « littérature » occupe en effet, encore aujourd'hui, une place privilégiée dans nos systèmes de valeur, nos représentations et nos pratiques sociales, mais sous ce nom seule une petite fraction de la production littéraire est perçue et transmise comme telle. Il y a donc bien lieu de s'interroger sur le fonctionnement du champ « littéraire ». Selon quelles modalités s'opère la distribution des oeuvres, dans l'un ou l'autre secteur ? Leur intégration à la littérature ou leur exclusion du canon reposent-elles sur des critères objectifs ? Quel sens peut-on donner à ces partitions ?
Pour répondre à ces questions, Bernard Mouralis substitue une réflexion novatrice sur le statut des textes à l'examen traditionnel de la « littérarité ». La place - centrale ou périphérique, canonique ou, au contraire, minorée voire invisible - qu'occupent les oeuvres à certains moments de l'histoire littéraire, renvoie en réalité aux tensions et aux fractures qui parcourent la société.
À travers trois problématiques singulières - le discours exotique, la littérature du peuple ou sur le peuple, la littérature négro-africaine - Bernard Mouralis analyse les rapports conflictuels qui existent entre le « champ littéraire » et celui des « contre-littératures », et il montre comment le second constitue pour le premier une menace de subversion permanente.
Cet essai, fondamental pour comprendre ce qu'a pu être, avant Edward Said (L'Orientalisme, 1978), le questionnement postcolonial en littérature, éclaire aussi le renouveau des études culturelles « à la française » auquel nous assistons et qu'il avait largement anticipé.
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