En 132/750, les Abbassides s’emparèrent du pouvoir au terme d’un mouvement dénonçant l’injustice des Umayyades. La réforme de l’appareil judiciaire, contribuant à affermir leur légitimité, fut une des réalisations majeures de la nouvelle dynastie. La centralisation de la justice, l’uniformisation juridique et l’étroite association des cadis au souverain firent de la judicature un instrument politique essentiel aux yeux du califat. Les Abbassides ne pouvaient pourtant prévoir les conséquences de cette réforme qui devait, à terme, fragiliser les fondements de leur autorité. En diminuant la dépendance des cadis vis-à-vis des pouvoirs locaux, ils ouvrirent la voie à de nouvelles revendications. Il n’allait plus de soi, désormais, que les cadis tenaient leur autorité judiciaire du calife. Ce livre retrace l’évolution de la judicature et de sa place au sein de l’État abbasside, en restituant les dimensions spatiales, temporelles et sociales de l’administration judiciaire, ainsi que la dynamique des relations entre les cadis d’Iraq et le califat. Lorsque les Abbassides perdirent la réalité du pouvoir au profit des Būyides, en 334/945, la judicature était métamorphosée. D’un fonctionnaire au service de son délégant, le cadi était devenu un magistrat capable de défendre son autonomie judiciaire.
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