Les Bains de Kiraly. Gabriel a bien tenté de croire au bonheur. Subjugué par Laura, il s'est arrimé à son rire et s'est employé à vivre au présent. Mais du jour où elle lui a annoncé qu'elle attendait un enfant de lui, il a pris la fuite, sans un mot...
Quand, après des mois d'errance dans Londres, il échoue par hasard dans une synagogue, les chants des hommes l'apaisent, et libèrent enfin sa parole. Il se lance alors dans l'écriture de cette longue confession, où le silence et la culpabilité dansent un vertigineux pas de deux.
De lui, de son enfance solitaire, de sa soeur aînée fauchée par un chauffard ivre, de ses parents murés dans leur deuil, de leur refus de rien lui révéler sur leur passé, il n'a jamais pu parler, ni à Laura, ni à son ami Léo. Jamais il n'a pu exprimer la vérité de ses sentiments. Et, si des mots il a fait son métier, c'est pour traduire ceux des autres, barricadé derrière une montagne de dictionnaires.
Quand, à la faveur d'une rencontre des traducteurs de Thomas Mann en Hongrie, une clef de son passé lui est révélée dans un cimetière de Budapest, ses souvenirs se bousculent : les phrases murmurées par ses parents dans une langue étrangère, la saveur de la cuisine magyare, la fascination pour la littérature de la Mitteleuropa qu'avait su éveiller en lui le vieux libraire du pays champenois où il a grandi...
Évoquant le désarroi existentiel et sentimental de cet homme fragile livré à lui-même, Jean Mattern écrit avec des accents justes et mesurés un lumineux roman des origines.
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