Le chantier était désert. Au milieu des décombres de la maison démolie, au travers des pierres neuves récemment taillées pour la maison à reconstruire, flambait le feu de bivouac allumé par l'invalide, gardien du chantier et des matériaux. La nuit était sombre, les bruits de la grande ville s'éteignaient, et la dernière voiture de bal était rentrée. Car cela se passait, il y a quelques jours à peine, au milieu du Paris moderne, à deux pas du boulevard et de la colonne Vendôme, et sur l'emplacement de cette maison où Tahan étalait ses richesses artistiques et Basset ses écrins de perles fines et de diamants. Avait-on mis Paris à feu et à sang ? Quelque horde barbare venue du Nord avait-elle conquis la reine des cités et semé sur son passage la misère et la désolation ? Cette lueur rougeâtre, qui se projetait sur un amas de décombres, était-elle le feu de nuit des vainqueurs ? C'est l'image de la désolation et son chaos ! Un peu plus loin le calme enfiévré de Paris qui dort après une nuit de plaisir. La horde barbare qui avait fait un monceau de ruines de la rue de la Paix, n'était autre qu'une troupe et de maçons et de Limousins inoffensifs. Paris était conquis par le Limousin, et la rue Turbigo passait. Si le jour eût paru, on eût pu voir une longue brèche partant du boulevard des Capucines et se prolongeant jusqu'à la rue de Choiseul.
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