Démocrite n'est pas un matérialiste au sens ordinaire : ses atomes ne sont
pas des corps. Les trois études ici réunies offrent leurs éclairages croisés
pour réfuter cette idée reçue, vieille de deux mille ans. Et la tradition
ainsi forgée perdure aujourd'hui, aveugle au fait que les atomistes -
Démocrite et Leucippe - n'avaient nullement en tête des corpuscules ou
des molécules préfigurant Dalton et l'atomisme du XIXe siècle. La théorie
platonicienne des idées a d'emblée refusé la concurrence insupportable
avec l'identification des atomes à des «idées». D'où l'impressionnant
silence de Platon à l'égard de Démocrite.
Plus visiblement polémique, Aristote a ensuite systématiquement retraduit
les concepts démocritéens en les privant tous de leur sens dynamique :
cette traduction est allée de pair avec une interprétation qui voulait faire
de Démocrite un adversaire aisément réfutable.
Or, malgré l'état déficient des sources - aucun ouvrage de Démocrite ne
nous est parvenu -, l'auteur mène une enquête extrêmement précise, à
la fois philologique et philosophique, et parvient à reconstituer ce que la
réception a voulu étouffer ou fausser à travers les citations dont elle usait.
Au terme de sa lecture insistante, l'auteur révèle l'atomisme antique sous
un jour très différent, mais d'autant plus proche de nos spéculations
contemporaines.
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