Sans être forcément membres du Parti nazi, de jeunes technocrates, souvent universitaires, vont préparer les plans de germanisation de l'Europe orientale, synonymes d'assujettissement et de déplacements massifs de population. Mis au point au début de 1941, le Generalplan Ost (Plan général pour l'Est) préconise le transfert de trente millions de personnes, soviétiques dans leur immense majorité, en les condamnant à mourir de faim.
Imprégnées d'idéologie eugéniste, marquées par le concept de surpopulation qui a hanté la pensée géopolitique allemande du premier XXe siècle, ces équipes forgent la notion d'«existence fardeau» (Ballastexistenzen), et envisagent la faim comme un moyen de réguler la population. Elles préconisent le génocide comme Le moyen de résoudre les problèmes politiques.
Quelle place la Shoah a-t-elle tenu dans ces projets de «réorganisation» de l'Europe orientale? Présente en filigrane tout au long du livre, cette question, controversée, enrichit le débat sur les origines du génocide. Elle nous permet de mieux entendre combien la barbarie fut pensée et planifiée par des hommes intelligents et cultivés appartenant à une génération née au début du siècle, et demeurée marquée par la Grande Guerre.
En mettant en relief la farce de la dénazification (la plupart de ces criminels de bureau ont poursuivi leur carrière au grand jour, couverts d'éloges et d'honneurs), Götz Aly et Susanne Heim montrent les soubassements technocratiques de la criminalité d'État. Loin d'être une parenthèse barbare dans l'histoire d'outre-Rhin, Auschwitz a plongé ses racines dans le terreau culturel et politique d'une certaine Allemagne.
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