"À la surface, l'eau a formé une vaste étendue comme une mer. On entendait sa voix, l'eau parlait. Mais le village est demeuré silencieux, il n'y avait aucun son hormis la voix de l'eau, le village est devenu muet, un endroit pour les morts. Au fond, au fond. Toutefois, lorsqu'on rouvrait les vannes et que l'eau descendait, on pouvait y retourner, a dit mon grand-père. Certaines années, cela arrivait.
Maintenant il ne pouvait plus, il n'y retournerait plus jamais. Et sans doute était-ce mieux ainsi, il ne verrait pas les dégâts, le village désert, les rues où ne passait plus personne, les pierres, les murs, les toits arrachés, car beaucoup de choses, bien entendu, étaient parties à vau-l'eau, mais dans la vie c'était ainsi, beaucoup de choses allaient à vau-l'eau, on tournait la tête et les choses n'étaient déjà plus là, les gens n'étaient déjà plus là."
Une mère qui glisse lentement vers la folie, un père qui dérive dans une mer d'alcool, un grand-père malade à charge, le foyer d'Ilda n'est pas de ceux qui permettent de vivre une enfance insouciante. Si l'on ajoute les voix mystérieuses qui hantent les fantasmes de la jeune enfant et la succession de tabous à laquelle elle se heurte dans son petit village rural du Portugal, l'éveil d'Ilda est de ceux qu'on n'a pas le temps de voir passer.
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