Les Ânes porteurs de livres sont la lumière, bientôt éteinte, d'une
comète, reste d'une planète morte depuis longtemps mais dont il
ne subsiste, pour ainsi dire, que des photographies éparses : notre
bonne Terre. On s'agite sur son semblant : un vaisseau céleste qui
a pour forme un mur-écran sur lequel se meuvent des images,
vestiges et souvenir.
Le pari était audacieux... Le théâtre à l'état gazeux est une
innovation hardie ; chez Liliane Atlan, à cheval sur son temps,
serait-ce surprenant ? Il ne reste de l'humanité qu'un patrimoine
incertain : des images. Les charmants lutins qu'elle laisse dialoguer
sur le palimpseste d'âges révolus sont comme l'anticipation
d'une catastrophe définitive, dilatation de nos catastrophes perpétuelles.
Le pouvoir de l'image est tel que nous nous confondons
désormais en lui et le musée imaginaire de Malraux prend,
ici, sa signification.
Il fallait tout de même le détachement, la tendresse et l'humour
de Liliane Atlan pour mener avec souplesse, cette métaphore
de science-fiction qui est aussi une superbe démonstration
de son savoir-faire. Cette pièce qu'elle a édifiée en pensant aux
adolescents est une manière de partager et de dispenser sa générosité,
sa compassion et l'intelligence de l'humanité qui lui est
particulière. C'est aussi le dernier texte qu'elle ait écrit.
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