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De James Cook, dont le navire The Adventure quitta Plymouth pour les mers australes le 13 juillet 1772, qui découvrit la Nouvelle-Zélande et Tahiti, navigateur infatigable et digne de Napoléon pour l’esprit de conquête, affichant d’ailleurs le même petit air fat et borné, il ne sera pour ainsi dire pas question dans ce livre, comme son titre très honnêtement nous en avertit. C’est jouer franc jeu. En revanche, comme partout où le capitaine Cook n’osa s’aventurer par crainte de trop grands périls, on y rencontrera notre homme, curieux personnage, comme chez lui dans ces contrées où tout peut arriver : deux femmes naître attachées par les cheveux et traverser l’existence ainsi sans se soucier l’une de l’autre, un vieux préhistorien perdre la mémoire de tous les événements postérieurs au paléolithique, ou encore un ermite distrait périr par noyade dans les sables du désert.
« De fait, tout arrive dans les contrées étranges d’un récit qui emprunte les codes romanesques pour mieux les subvertir, à force de retard, détours et digressions infinies. Il y a certes des chapitres, et même pour les ouvrir de petits résumés ironiquement désuets qui nous en annoncent le contenu. Il y a également un personnage principal, l’anonyme "notre homme", dont les multiples métamorphoses vont servir de fil directeur à notre expédition dans les terres inconnues du livre. Plus encore que dans ses ouvrages précédents, l’auteur – "notre homme" ? – s’amuse en effet des attentes du lecteur : tandis qu’on espère inconsciemment une identification possible, une intrigue cohérente, le confort de personnages familiers, Chevillard bifurque vers d’hallucinantes considérations sur l’invention de l’escalier, la première girafe qui foula le sol de France ou la musique cristalline du crapaud… Ce pourrait être n’importe quoi, s’il n’y avait cette délectable cohérence décalée de l’humour pour donner à tant de pages leur unité. L’écriture de Chevillard se joue ainsi de la logique pour dynamiter le supposé mimétisme du roman "miroir du monde" : tout est affaire de langue, quand les métaphores sont prises au pied de la lettre et qu’un imaginaire délirant se substitue aux sacro-saints effets de réel. Les Absences du capitaine Cook est en ce sens un titre parfait, qui annonce le recensement de tous les oublis de la fiction. » (Fabrice Gabriel, Les Inrockuptibles)