De la Renaissance au siècle des Lumières, l'université de Toulouse, la deuxième du royaume par la masse de ses étudiants, offre au chercheur des archives sérielles surabondantes, précises et quasi complètes, sans doute les meilleures de France. Il a fallu pas moins de trente ans à Patrick Ferté pour en achever le dépouillement et scruter, tour à tour, les fluctuations des inscriptions et des différents diplômes, la géographie du recrutement comme la sociologie parentale, l'impact des réformes de Louis XIV sur les quatre facultés ou les stratégies des étudiants en vue de leur entrée sur le marché de l'emploi. La part entre ascenseur social et reproduction intergénérationnelle est dûment mesurée, tant pour les clercs que pour les laïques. Dans un réel souci d'exhaustivité, l'histoire intellectuelle des quatre disciplines universitaires, droit, théologie, médecine et arts libéraux, vient compléter l'approche institutionnelle, analysant les déboires des novateurs face aux crispations rétrogrades. La vie quotidienne, fort chaotique, des étudiants y est reconstituée, des salles de cours jusqu'aux échauffourées dans les rues et tavernes du « Quartier latin » toulousain, à coups d'épée à deux mains, que ce soit entre « nations étudiantes » ou contre les soldats du guet. C'est donc à une radioscopie fine et d'envergure que le lecteur est convié, pour une immersion aussi pittoresque qu'érudite dans le monde universitaire d'Ancien Régime, fort mal connu jusqu'ici.
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