Léopold Sédar Senghor a toujours cherché à exprimer quelle philosophie se lit dans les arts plastiques, les chants et les danses africains. C’est cette attitude de déchiffrage qui est la vérité de sa philosophie. Afin de relire Senghor aujourd’hui, il ne faut pas se donner la Négritude trop vite, affronter tout de suite les formules trop bien connues à quoi on résume sa pensée. Il faut savoir d’abord retrouver l’attitude première, la posture herméneutique que Senghor a adoptée dès ses premiers écrits pour répondre à la question qui fut aussi celle de Picasso : que veulent dire les masques africains ? Que disent ces objets que l’on a appelés des fétiches lorsque les dieux en sont partis ? Dès lors Senghor, avec beaucoup de bonheur, a mis à jour une ontologie dans laquelle l’être est rythme et qui se trouve au fondement, des religions africaines anciennes. De cette ontologie, il a montré que les arts africains constituaient le langage privilégié.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Souleymane Bachir Diagne est professeur aux départements d’études francophones et de philosophie à l’université de Columbia (États-Unis). Né à Saint- Louis, au Sénégal, il a enseigné pendant vingt ans la philosophie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, puis à la Northwestern University près de Chicago avant de s’installer à New York. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont, avec Jean-Loup Amselle : En quête d’Afrique(s) : universalisme et pensée décoloniale aux éditions Albin Michel (2018). C’est un des plus grands penseurs musulmans, démocrates et rationalistes du moment.
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