N'est-il pas étonnant que la religion, dans laquelle Freud ne voit qu'une illusion, recèle en son sein le cœur même de la psychanalyse : la reconnaissance de la condition humaine dans ce qu'elle a de plus mystérieux et de plus révoltant, et qui fait dire à l'apôtre Paul : «Je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais.»
Que deviennent les affects de haine dont ni la religion ni la société ne veulent rien savoir ? En trois études articulées les unes aux autres, l'auteur montre comment cette question de l'apôtre décida de la rupture entre Freud et Jung, comment elle opposa, quinze siècles plus tôt, saint Augustin à Pélage sur le dogme du péché originel, comment elle traverse enfin, le dernier ouvrage de Freud : L'homme Moïse et la religion monothéiste.
L'enjeu ici n'est autre que l'opposition du refoulé au démenti portant sur le meurtre du père. Il est au cœur de notre époque marquée par le recul du religieux, la déliquescence de la fonction paternelle et l'entrée dans une postmodernité qui, à bien des égards, peut inquiéter. Il constitua jadis la pierre d'achoppement qui amena nombre d'hérésies à rompre avec la religion. Il peut aujourd'hui entraîner la psychanalyse à se dévoyer en une thérapie du bien-être, et réduire les rapports humains à n'être plus qu'une gestion sociale des petits plaisirs.
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