Il n'y a pas d'âge pour se poser des questions philosophiques et, très tôt,
face à l'étonnement devant le monde, les enfants s'interrogent sur la vie,
la mort et les relations humaines. L'enfant serait par excellence celui qui,
selon l'expression de G. Deleuze, fait «l'idiot» et pose la question du
pourquoi et de l'essence des phénomènes du monde en toute naïveté et
intensité. La pratique de «la philosophie avec les enfants» se développe
ainsi partout dans le monde depuis plus d'une trentaine d'années. Cette
pratique répond aussi au besoin de démocratisation d'une discipline
scolaire jugée trop souvent comme hermétique et élitiste.
Dans le même temps, la littérature de jeunesse semble avoir pris en
compte ces interrogations métaphysiques. Les programmes de littérature
à l'école primaire en France insistent d'ailleurs sur cette dimension
des oeuvres et incitent à des «débats réflexifs». Le monde de l'enfance
pourrait ainsi être aujourd'hui le pont qui permettrait de réconcilier deux
disciplines dont l'histoire s'est trop longtemps écrite sous les signes de la
concurrence et de la méfiance réciproques. La littérature et la philosophie
pourraient ainsi retrouver leur alliance originelle : car au-delà des formes
spécifiques qu'elles entretiennent avec le langage, elles sont toutes les deux
des discours qui visent à donner sens et intelligibilité à notre existence.
Au-delà de la réflexion théorique sur les liens qui unissent la philosophie,
la littérature et l'enfance, cet ouvrage fait aussi le récit et l'analyse d'une
expérimentation menée dans une école élémentaire avec les mêmes élèves
pendant trois années consécutives (Ce2, Cm1, Cm2). Nous montrons
ainsi comment concrètement la littérature a permis à ces jeunes enfants
d'entrer en philosophie, comment la fiction a effectivement été pour eux
un «immense laboratoire» (P. Ricoeur) pour expérimenter leur pensée.
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