L’enfant n’est pas un personnage fréquent dans les œuvres médiévales : on l’a souvent souligné à juste titre. Il est pourtant présent dans quelques textes, et il apparaît à des âges divers, avec son charme et son ingénuité spécifiques, au détour d’un épisode ou même à un moment où sa venue contribue à relancer le récit. L’enfance n’est pas non plus absente des œuvres autobiographiques, même si le clerc qui se raconte projette sur ses premières années sa vision adulte de la vie et du monde. Reste qu’au delà des inventaires obligatoirement limités, le personnage de l’enfant n’est pas un personnage épique ni romanesque au Moyen Âge. Il est plus ou moins exclu des textes parce que les schémas qui sous-tendent la narration ne laissent guère de place à son intervention. L’art médiéval (et la littérature participe toujours d’une esthétique générale qui trouve aussi ses applications dans la sculpture ou la peinture) ne peut pas faire à l’enfance l’honneur de la représenter, parce que c’est un art du symbole et de la transcendance. L’univers de l’artiste et celui du poète, au Moyen Âge, est un univers d’adultes. La conséquence de cet état de choses, c’est que la présence de l’enfant est une sorte d’exception conjoncturelle. C’est elle qui fait problème, et non l’inverse. Sa rareté confirme la norme, et l’on ne doit s’interroger que lorsque l’enfant paraît, sans être surpris ni du fait que l’on reste insensible à la poèsie de l’enfance, ni de l’obstination des poètes et des imagiers à ne décrire ou à ne dépeindre que des enfants grandis avant l’âge et qui ont accès trop tôt à la gravité des grandes personnes.
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