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A force de scruter mon enfance, mes yeux se brouillent. J'ai grandi pourtant, j'ai digéré ce jeune âge, ce viol, mes sept ans. Aujourd'hui, une autre famine me guette : parler jusqu'à dire. Car la délivrance viendra par le livre, le témoignage. Que savons-nous du bien, du mal ? Du triomphe de la beauté ? La beauté est faite pour agenouiller l'âme. Voilà pourquoi j'emmêle mon violeur aux feuilles du Paradis. Grattant mot après mot le viol, le faisant fondre sous la main, remontent la souffrance et la honte. Penché jusqu'à mourir sur ma peau, j'ai vu l'adulte profaner l'enfant. Ouvrir l'abîme. Pardonnez-moi ces paroles graves, ce ton d'imprécation... Pour quelques lignes, je quitte l'humilité de ma tâche de flic. Je n'enfreins rien. Je signe. A ce récit, l'auteur ajoute une histoire - d'amour et de mort -, comme une parabole : qui saurait dire si, par son terrible geste, son agresseur fut un fou ou bien la proie du Diable ? Dans ce livre remarquablement écrit, où apparaissent l'exubérance, la tendresse naïve, les mots crus de l'enfance, le malheur, sous la forme de ce viol, fait entendre des accents terribles : ceux de la chair qui parle, qui crie.