Il est de bon ton depuis plusieurs décennies de dénoncer la
«croyance» selon laquelle la science aurait quelque chose à voir
avec l'idée de vérité. La science ne serait donc en réalité qu'une
«construction sociale», qu'un discours sur le réel, reflétant des
croyances sur le monde, partagées par des groupes aux intérêts
parfois divergents, dans une société donnée et à un moment
donné. Mais, même si l'on admet qu'il existe des déterminations
sociales de la connaissance scientifique, est-on contraint à l'abandon
de l'idée de vérité scientifique ? Est-on condamné à un relativisme
absolu sous couvert que tout est construit ?
Dans cet ouvrage, Jean-Michel Berthelot entreprend de clarifier
ce qu'il faut entendre par «construction sociale» de l'activité de
connaissance. Car, si l'on peut considérer que la science est bien
une activité sociale, cela n'implique aucunement qu'elle soit une
activité comme les autres, même dans des sociétés avancées où
les frontières entre sphères d'activités semblent disparaître sous
l'effet d'une «scientifisation du monde».
Combinant les apports de la philosophie et de la sociologie,
il défend l'idée d'une «emprise du vrai» qui ne dément pas la
dimension sociale de l'activité de connaissance, car les sollicitations
dont la science est l'objet vont toujours de pair avec la volonté de
produire des savoirs à vocation rationnelle et unificatrice. De la
sorte, l'activité scientifique, bien qu'inscrite dans une société, ne
laisse pas de produire des accords rationnels fondés sur l'exigence
du vrai.
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